lundi 28 novembre 2016

ADDENDUM

ADDENDUM


Le monde des Surfers  vu par le  Skipper.

Considérations émises par le Skipper qui ne pratique pas le Surf  (hélas – il aimerait bien mais …) et par le hasard du destin s’est retrouvé quasiment marié pour 8 semaines avec un Surfer.
Ce fut l’opportunité de découvrir, non pas la discipline mais le petit monde, la communauté, les us et coutumes  des surfers.
Ce qui est rapporté est vécu, donc réel et bien sûr on ne peut plus objectif !!
Un surfer se reconnait … De loin.
Bien sûr il trimballe sa planche, avec ou sans housse.  Je dirais une de ses planches.  Il y a la courte,  il y a la longue, la Performer, la Magnum …

Mais il y a la silhouette, l’allure … Disons bronzée, décontractée, la terminologie utilisée dans le milieu est ‘’lay-back’’  … Et puis :  les tatouages, la tignasse, bouclée ou queue de cheval ou folle à tous les vents…

Le surfer est rarement seul, c’est-à-dire que le plus souvent il est accompagné … D’une blonde ! En général, statistiquement. Je dois ajouter que dans mon cercle de relations de surfer, ceci est démenti, j’ai connu l’exception.
La compagne du surfer est plutôt jolie, tatouée aussi, souvent, mais de façon plus discrète et plus recherché que chez le mâle de l’espèce.
Cette compagne n’est pas nécessairement surfeuse  mais souvent elle s’y est mise, lasse de jouer les pénélopes sur le sable, les rochers ou les galets … Et  il faut bien alimenter et impressionner les ‘’amis’’ sur  Facebook ou autre Twitter !!

Le surfer parle anglais.  Evidemment, il est Suédois, Hollandais, Français, Espagnol, Bermudiens … Ils leur faut bien une langue commune, qu’ils pratiquent par ailleurs  avec un brio bien supérieur aux moyennes des populations nationales. Bravo !  (Evidemment un surfer, çà voyage beaucoup vers les spots en vogues, du globe : de Bali aux Açores en passant  par Hawaï,  Biarritz ou Nazaré (Portugal).
Les surfers se tutoient tous d’emblée et vont débuter leur conversation, comme s’ils s’étaient vus la veille, sur les vagues du site où ils se trouvent puis sur les spots où ils ont déjà pratiqué, où ils vont pratiquer et éventuellement sur leurs performances en kight-surf, en paddle …

Ah ! Une chose de remarquable : le surfer ou la surfeuse se roulent les cigarettes avec des ingrédients qui pourraient ressembler à du tabac. N’étant pas du milieu et dénotant bien trop, personne n’a eu le geste, l’attention, la compassion de m’en offrir une,  alors je ne peux en dire plus sur le sujet.

Le surfer trimballe toujours, de nos jours,  et son smartphone avec la 3 ou 4G  et ses guides de spots de surfs :   
ü  Le smartphone avec 3 ou 4G, pour avoir en permanence les conditions de vagues, de vent de l’endroit considéré à travers des applications dédiées :  ex : www.magicseaweed.com, www.surfforecast  et pour visualiser les photos et vidéos disponibles sur ce spot .

ü  ‘’ The Stormrider Surf Guide ‘’ du continent où il se trouve.  On y trouve quelques approches théoriques sur la formation des vents, des vagues, la météo avec son impact sur les  ‘’Swells’’  (vagues ou houles) tel : amplitude, période, orientation, la pratique du surf et les types de combinaisons requises,  la liste des magasins de surf par pays et  bien sûr :  LES SPOTS, leurs localisations, accès,  intérêts, spécificités, …

Bien sûr il s’agit de spots connus de tous mais chaque surfer à son coin secret et ses ‘’secret spots’’,  spots connus de lui seul où il emmènera des amis surfers comme à un pèlerinage, un jour de météo propice.

Si le surfer est  ‘’lay-back’’ de nature, il est capable, pour rejoindre un spot d’un trekking de l’extrême.
 A titre d’exemple, voici du vécu personnellement soit l’accès à la baïa de Santa IRIA à São Miguel :

Après des discussions avec d’autres congénères rencontrés la veille sur un point de vue surplombant une côte sauvage est rocheuse, il y a là, à 380 m en contre-bas de la falaise, le bon endroit qui présentera demain à mi-marée montante et si les conditions de vent sont maintenue, le ‘’Swell’’ ! Peut-être le (ou la ?)  Swell de sa vie … Ils s’y donnent rendez-vous.
Le lendemain, sac à dos en place, planche de surf courte sous le bras avec la combinaison isothermique et smartphone, le surfer colle, à son compagnon, l’appareil photo.
56 km d de route goudronnée, 36 km de piste défoncée en voiture de location  avec comme intermède le fait de s’égarer une ou deux fois, de se retrouver nez-à-nez avec un tracteur agricole sur un chemin pierreux étroit. Heureusement les autochtones sont sympas et vont le remettre sur le droit chemin car ils en ont vu des surfers se perdre… Depuis une décennie !
Enfin arrivée à un endroit où d’autres voitures plus ou moins neuves, plus ou moins à l’aspect ‘’lay-back’’ aussi sont déjà parquées.
C’était le plus facile. Il reste 3 km de sentier avec 300 mètres de dénivelé à flanc de falaise pour atteindre le rivage au bon endroit à travers prés, bois de bambous, zônes marécageuses, lits de torrents qu’il faut passer à gué et plage de gros galets.
Le compagnon du surfer arrive là exténué, sur les rotules. Ne pensez pas à un mot de compassion de la part du surfer, non ! Il vous plante là pour, comme les chiens, rejoindre ses congénères, la planche toute frétillante.  Pour lui, hors LA vague qu’il quête, le monde alentour n’existe plus, le temps n’existe plus et le compagnon n’a plus qu’à discuter pédicure, manucure, coiffure avec les blondes compagnes faisant bronzette sur les galets … C’est longuet !
Après … Chemin inverse … Et ça monte 300 mètres ! Avec le poids des photos dans l’appareil.
C’est facile de décrire.  Le faire …Ca l’est un peu moins.
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Un peu de vocabulaire spécifique à l’activité :
·       Surfing life :                   style de vie un peu nomade, de spot en spot
·       Spot :                                    lieu de pratique du surf et comportant des conditions de vagues le permettant
·       Lay back :                  Peu soucieux du lendemain. Pas trop vite le matin et doucement le soir.
·       Beach Break :                  plage où les vagues déferlent sur un fond de sable
·       Point Breack :                   vague qui se déroule le long d’un point côtier s’avançant dans la mer.
·       Vent Offshore :                  vent de terre creusant et lissant les vagues
·       Vent  Onshore :                  vent de mer applatissant les vagues et rendant la mer clapoteuse
·       Kick Out :                  action du surfeur consistant à sortir volontairement d’une vague par la crête en    passant sur l’arrière de la planche afin de faire passer l’avant par-dessus la vague.
·       Canard :                  action de plonger avec la planche sous la vague qui arrive, en allant vers le large.
·       Cut back :                  virage sur l’épaule pour redresser au point de déferlement de la vague.
·       Tube  ou  Barrel :  figure reine, de l’activité :  passer sous la lèvre de la vague qui déferle et en sortir.
·       Roller :                                    virage radical sur l’épaule de la vague


Epilogue


Epilogue :

Comme nous l’on rappelé Charle&Sirène :

Comme dirait Georges Brassens :

Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé après
Maintes traversées
Le pays des vertes années

Par un petit matin d'été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu'elle est belle la liberté
La liberté
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Aussi quelques considérations générales sur les Açores :

-        Un archipel bien différent des Canaries et de Madères. Chaque Ile a son caractère, son individualité et  appelle à la découverte : taxi, voiture ou scooter de location, tours organisés  mais surtout marche et trekking… Des mimosas, des petits prés, des petits villages, l’océan tiède (23°C en oct) et à l’eau absolument limpide, les panoramas volcaniques …

-        Et les Açoriens :  pas de pression sur les touristes, pas ‘’d’arnaques’’ , dans tous le restaurants, bars, café, que l’on soit  indigène ou touriste, c’est le même accueil, le même traitement, le même prix.  A cela il faut ajouter que  la plupart des Açoriens, même celui qui est sur un chemin pierreux, sur son
-        tracteur en pleine campagne et avec lequel vous vous trouvez nez-à-nez  (évidemment pour rejoindre un spot de surf, il faut prendre des routes pas toujours balisées), parlent anglais !
En plus il descendra de son tracteur pour vous montrer à 200m de là sur un promontoire, le chemin à suivre. Les Açoriens sont absolument  charmants, serviables et vous fichent une paix totale si vous ne vous adressez pas à eux en premier.

Et l’équipage …

Deux personnes ne se connaissant pas au départ ou si peu, mais enthousiastes pour l’aventure, une génération au moins d’écart (39 et 73 ans l’âge du papa), des éducations, des sensibilités s’entremêlant dans un confinement plutôt spartiate et un environnement parfois hostile ont établi une cohabitation amicale parfois un peu tendue. Le dialogue direct a toujours permis d’éviter tout excès de friction et de conserver une efficacité opérationnelle pour le bateau et la vie à bord.
A bord aussi, chacun peut s’isoler pour vivre son monde : dans sa bannette ou sa cabine, dans la lecture, avec un casque à écouteurs et sa musique préférée sur les oreilles à construire le bateau idéal d’un projet futur.
Finalement nous avons vécu ce voyage dans notre bulle avec ses joies et ses appréhensions comme un moment de vie intense partagée, une bulle ouverte sur le monde, sur les rencontres.

Mise au point.

A lire  beaucoup de passages de mer qui précèdent,  on doit penser que navigation à la voile = galères.  Ce n’est pas faux.
Il y a la voûte céleste étoilée, les dauphins, l’attente de l’imprévu, l’horizon à dépasser l’objectif à atteindre.
Il y a le regard que l’on pose, totalement différent de celui du touriste qui débarque d’un Airbus 320 pour se retrouver avec un confort domestique dans un hôtel 3 ou 4 étoiles.
 Il y a au bout la promesse du bonheur de la découverte d’autres horizons, panoramas, personnes, de belles rencontres …
Tout cela arrive.  Il faut simplement aller le chercher et y mettre le prix.


Petit mot des auteurs:

Nous prions les lectrices et lecteurs de nous pardonner les multiples petites fautes d’orthographes ou autres qui émaillent le texte. Ecrire, nécessite du temps et de la relecture, des conditions propices, ce qui n’a pas toujours été possible : le temps qui manque, l’écriture pendant les quarts semi comateux et puis aucun de nous n’est agrégé de lettres.
Des photos et vidéos il y en a eu pléthore … Il a fallu faire un choix.
Nous avons fait ce blog à la demande de nos parents et amis et avons essayé de leur faire partager notre petite aventure par le menu.
Ne soyez pas dupes, nous l’avons fait pour nous aussi, pour que le souvenir perdure.

Le petit mot de l'équipier:

Une véritable vague d'apprentissage en navigation et conduite de voilier, en adaptation face aux difficultés et aux éléments parfois déchainés à des milliers de Km des côtes .
Tellement de souvenirs et d'expériences vécues, il faut vraiment le vivre pour le comprendre ...
Je ne suis pas doué pour écrire , c'est pour cela que je fais des photos !!
mais le mot de la fin pour ma part est :
Un grand merci à toi Mico pour m'avoir accueilli et supporté pendant 45 jours sur Màv !
Un grand merci encore Mico pour m'avoir emmené et ramené entier à travers ces plus de 3000 miles parcourus .
Un grand merci pour ton écoute , tes conseils , comme tu dis : " Un archer qui manque sa cible ne peut en vouloir qu'à lui même " , merci pour les leçons de vie !
Pour ce trip la flèche a atteint la pomme ...
Quand aux Açores ... allez y !! il n'y a qu'a travers ses propres yeux que l'on peu contempler la vrai beauté des choses .
bon vent a toi Mico sur Màv , pour des années à venir , et sache que je serais toujours ravi d'être ton équipier !

ALOHA


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Petit récapitulatif de notre trip !


Les Statistiques ou les données -   Etat au retour à Hendaye


·       Distance aller de Hendaye à Ponta Delgada :                  1331 miles nautiques  =   2465 km
Fastidieux de Hendaye à La Corogne : absence de vent ou contraires
En route orthodromique directe, pratiquement de La Corogne à Ponta DElgada
Départ le 24  Sept   2016 – Arrivée le Dim 9 Oct    --à    14 jours  (Dont 3 j d’escale : Santander, Cudillero & La Corogne)







·       Distance inter-Iles  São Miguel / Faïal :                                        153 miles
·    
         Distance parcourue de Horta (Faïal) à Hendaye: 
                           Au près de Horta à Cap Ortegal (pointe Nord- Ouest de l’Espagne) soit 1340 miles          
                           De Horta à  Gijon  (Escale obligée) :   1443 miles   (au vent de travers de Cap Ortegal à Gijon)
                           De Gijon  à  Hendaye     :                          180  miles   (au portant)
                           De Horta  à  Hendaye    :                           1626  miles
·       Distance totale du périple   Hendaye, Ponta Delgada, Horta, Hendaye :  1331 + 153 + 1626 =    3110 miles nautiques
                                                      Soit :     5760  km

·       Meilleure performance en 24h :                    157  miles  =  291 km,     le   10/11  Novembre
·       Total  fonctionnement du moteur  sur tout le périple :  121 h


Gijon-Hendaye , la perf !!

Acte 3 -   Gijon (Asturias- Espagne)  à   Hendaye


Jeudi 10 fut  ‘’la fenêtre’’  entre  trop de vent  et pas assez, ou, dans le mauvais sens.
6h25 du matin, l’équipier est debout le premier … Une PREMIERE !! …  C’est dire qu’il sent l’avoine et est heureux à l’idée de revoir copine, maman, un vrai lit horizontal, stable, sec et douillet et qui ne sente pas la vieille chaussette.

A 8h00 locales (7h00 TU) les amarres sont larguées et MaV va doucement prendre son cap vers l’est.
Vent d’Ouest de 15 à  25 nœuds,  rafales 30.
La Grand-Voile Suédoise à 2 ris, le foc enroulé en conséquence, le tout en ciseaux avec bôme retenue, nous allons parcourir  157 miles en 24 heures, le tout sous régulateur d’allure !!!  C’est beau !   157 miles en 24 h   Le quidam ne réalise pas la performance, pourtant c’est notre meilleure performance sur 24h de nos  3000 miles !!
Un intermède cocasse :  de nuit, après être passé au nord de Bilbao, vers le nord du cap Maxixaco :  cette patte-forme pétrolière que nous avions entrepris de virer par le sud à 2 à 3 miles.  Un véritable arbre de Noël sur la mer qui semblait toujours vouloir se rapprocher …
Les dernières heures furent avec un vent en baisse et une humidité en hausse (averses).
A 13h nous étions  à notre place habituelle à Hendaye.  FIN du périple.
Mary, est venue nous chercher, nous, nos  armes et nos bagages. 
Le skipper a presque versé une larme en laissant glisser sa main sur l’étrave de MaV  et laissant échapper avec une affection non contenue   ‘’ brave bête !!  Désolé de te laisser seul et sans te faire ta toilette.  Je reviens mardi ou mercredi.  Repose-toi bien !’’


Acte  4  ….  Et ensuite …







Nous nous retrouverons chez Fred pour une méga fondue le vendredi 18  et  Mouli-à-Vent sera sorti de l’eau pour maintenance le jeudi 24.


Happy –End.

mercredi 9 novembre 2016

Gijon , la cité agréable

Acte  2     -   Escale à  Gijon (Asturias- Espagne)




Arrivée donc,  ce dimanche 6 Novembre 2016.
De Horta à  Gijon  (Escale obligée) :   1443 miles     dont 1340 miles au près de Horta à Cap Ortegal,  puis au vent de travers de Cap Ortegal à Gijon.

Le soir, asséchement du bateau et asséchement des bottes de Fred … Toutes vies à 50 mètres à la ronde ont disparues, gazées !    Le skipper qui avait pris les devants, est allé faire un tour sur la jetée … 
Puis restau en ville.  La terre tanguait, roulait … Le mal de terre !
Première ‘’Cidra’’,  coutume locale Asturienne qui consiste à se faire servir trois lampées de cidre dans un verre par un garçon de café ou une serveuse, celui-ci ou celle-ci tenant bien haut, à bout de bras la bouteille, d’une main et de l’autre le verre, à bout de bras, en bas.  Il faut des années d’expérience et d’entrainement pour ne rien mettre à côté du verre. Les trois lampées de cidres, servies ainsi à chacun, doivent être bues cul-sec puis on finit la bouteille à son rythme.




Nous sommes restés coincés à GIJON 3 jours pleins.  Des vents d’ouest de 30 à 40 nœuds étaient en cours dans la nuit de mardi à mercredi, s’atténuant jeudi 10 Nov. Les sommets de  la chaine Cantabrique au sud de Gijon étaient blancs de neige !! 


GIJON,  295 000 habitants,  capitale de la Costa Verde,  ville universitaire,   a beaucoup plu à l’équipier :
C’est une ville propre, toute à la fois station balnéaire, port de commerce, grand port de plaisance à quelques dizaines de Km de la cordillère Cantabrique  (Mer et montagne)




Nous avons parcouru à pied le  boulevard de San Lorenzo : promenade longue de 3 kilomètres le long de la plage de San Lorenzo,  ainsi que l’autre plage de Poniente,  puis l’avenue Rendueles et ses nombreux petits troquets.








Nous avons gravis la colline de Santa Catalina : à son sommet se dresse une sculpture monumentale comme un défi face au large de l'océan, l'« Éloge de l'horizon » une œuvre d'Eduardo Chillida.


Nous avons photographié l’arbre en bouteilles de cidre recyclées situé dans le port de plaisance et mangé le riz au lait, dessert local typique.
Dans tous les restaurants, cafés, on est accueilli  avec empressement et cordialité et jamais de refus de servir quelle que soit l’heure…. Je crois qu’on peut mesurer ici le déclin des liens sociaux et de la convivialité dans la société française hexagonale, par comparaison.   Ici, les gens sont respectueux, ne jettent pas leurs mégots par terre ou à tous vents,  la nourriture dans les restaurants, petits ou grands est toujours fraiche et non surgelée réchauffée au micro-onde …   Soupir !
Pour 12 à  16 euros dans de nombreux  ‘’petits’’  estaminets on peut prendre le  ‘’menu del dia’’  : entrée, plat, dessert, bouteille de cidre et café !  Le tout délicieux, copieux, cuisiné maison  et avec la cordialité quasi chaleureuse de la serveuse…  

Chez nous, cela nous coûterait 32 à  38, voire 40 Euros et avec le sentiment d’avoir dérangé le personnel …




Horta - Gijon et 1300 miles au prés

Le Voyage : Le‘’Retour’’.

Acte 1 -  Horta (Ile Faïal)  -  Gijon (Asturias- Espagne)



Mardi  25  octobre

   Le vent qui soufflait encore en tempête hier matin en faisant éclater les vagues sur les jetées du port est tombé vers les 15 à 18 nœuds. Il fait un temps Londonien : une bruine persistante et pénétrante dans un univers ‘’plombé’’.
Le matin, l’équipier va au supermarché pour un complément de provisions puis revoit avec Martins les modalités d’utilisation de tout un matériel de pêche à la traine.
Le skipper déroule sa check-list de conditionnement du bateau : vérif moteur, plein d’eau, étai, haubans … 



14h TU, après le dernier repas au petit café du coin (6,60 € le menu), les  formalités d’usage et le plein de gasoil, Moulin-à-Vent quitte le quai d’accueil de Horta, vent de Nord 17 nœuds, mer agitée et crachin.

Ensuite ce fut du yoyo.  Le vent entre les iles de Faïal que nous quittons, de Saõ Jorge et Pico entre lesquelles nous passons, puis Terceira que nous laissons à  12 milles sur notre bâbord,  soit change de direction, soit est accéléré par effet venturi et passe à  30 nœuds, soit est occulté et est nul, donc moteur.

Le départ est donc laborieux.  Le mercredi 26 à 7h TU (AM)  nous laissons TERCEIRA sur notre arrière bâbord et devant nous il y a 900 miles d’océan pour atteindre la péninsule et  360 miles de plus au moins pour Hendaye… 
La suite n’est pas calme non plus. 3 jours de près, avec 2 à 3 ris dans la Grand Voile par 20 à 30 nœuds de vent et  une mer formée, parfois déferlante. Le bateau tape en retombant dans le creux des vagues ou celles-ci, parfois le gifle sévèrement : une vague vient s’éclater sur le bordé du yacht qui en tremble de tout son être et nous avec.
Trois jours dans un univers clos gité entre 15 et 30°. Trois jours sans pouvoir cuisiner correctement, sans pouvoir se laver correctement, dormir correctement.
Trois jours à prendre des paquets de mer lorsqu’il faut aller sur le pont pour un réglage, une manœuvre.
Dire qu’on appelle cela  ‘’plaisance’’ !!??
Trois jours durant lesquels l’équipier cultive un mal de mer persistant, s’est fait mal à la main droite alors que le skipper s’est fait mal au  bas du dos en allant ‘’valdinguer’’ dans le carré lors d’une embardée.  
Cela, sans s’étendre sur, la douzaine d’œufs qui ‘valdingue’’ elle aussi et termine en omelette complète (coquilles comprises), sous la table à carte, que le cubitainer de vin de PICO qui vient exploser au même endroit.
Laver, nettoyer dans ces conditions c’est un exercice de voltige… L’odeur en prime.
Trois jours qui ont laissés d’étranges idées à l’équipier :  ‘’je ne suis pas fait pour la Haute-mer’’  et  ‘’j’adore la pétole’’ !





Dans un bateau, en voyage, l’équipage vit assis ou couché. La position debout est réservée aux transitions, devant le fourneau, à la table à carte pour observer de visu l’environnement extérieur et s’il y a des bateaux autour.
Curieusement, à bord et dans ces conditions, la gravité qui semble s’appliquer aux individus, habituellement de 9,81 m/s/s en position debout, semble multipliée par 3 ou 4. 
Les muscles ankylosés de rester inactifs, la nécessité d’agir rapidement, lorsqu’on se hasarde vers la position debout … Le coup de roulis brutal, dû à une mer grosse et chahutée vous envoie ‘’valdinguer’’ comme un vulgaire objet vers le côté en contre-bas … Attention à la réception !  Pas fait pour les Tamalous en proie à l’ostéoporose !!! Même les plus jeunes y laissent des hématomes aux mains ( N’est-ce pas l’équipier qui ne joue pas du piano debout mais fait autre chose, pas encore bien au fait du vieil adage : sur un bateau, une main pour le bateau, une main pour toi et si le bateau souffre, rajoute lui trois doigts.. ) etc…




 La Pétole est venue, le dimanche 30 dans la nuit. Soudainement, à 6h du mat, plus de vent… pendant 5h, le ciel s’est plombé et pluie. Nous étions alors par 42°05 N et  21°49 Ouest, rentrant dans un marais barométrique dépressionnaire s’étendant de l’ouest de l’Irlande à l’est des Açores et séparant deux anticyclones importants : un  par 48°N et 45° Ouest  et l’autre installé sur la France et le proche Atlantique (Eté Indien sur l’Hexagone). La sortie de la pétole est venue aussi brutalement, 25 à 30 nœuds de vent de nord, la pluie encore dans cet univers de fronts occlus… Et c’est reparti pour une vie de ‘’shaker’’ pendant  48 heures au moins.  
La Corogne est alors à 577 miles dans le 77°.


La nuit fut dantesque !
Le vent que les prévisionnistes avaient évalué à 25, 30 nœuds de nord, fut sur le ‘’terrain de jeu’’ de 30 à 40.  La mer s’est levée en conséquence pour devenir ‘’grosse’’. Le baromètre du bord a chuté de 1015 hPa à 1007 hPa de 11hTU le 30 à 6h TU le matin du Lundi  31.
La Grand-voile réduite à 3 ris, le foc enroulé en conséquence, MàV  a taillé sa route vent de travers, pour ne pas souffrir excessivement et vers l’Espagne donc.
Régulièrement une vague déferle sur le pont de MàV et le submerge. Parfois il chute dans un creux de vague et tape brutalement en reprenant contact avec l’eau faisant un bruit de gifle sèche et sourde et faisant trembler tout le bateau, tout le gréement.
A l’intérieur, tout, tout est humide. Les cirés que nous retirons une fois à l’intérieur, dégoulinent d’eau salée et mouillent tous les planchers.
MaV,  taille sa route à  7 nœuds dans cet univers Kafkaïen. Il taille sa route, sous régulateur-d’allure (un système mécanique qui pilote le bateau en fonction de la direction relative du vent – Le meilleur des équipiers, infatigable, ne consommant rien, même pas une bière de temps en temps -  l’équipage à l’abri, à l’intérieur. 
Chacun prend son quart de 3 heures, sauf quand il faut que le skipper aille à la manœuvre sur le pont pour ajuster, corriger, étarquer… L’équipier veille, prêt à intervenir.




Les jours, les nuits se suivent et ne se ressemblent pas.
Ce matin du lundi 31, le skipper découvre que la Grand-Voile présente une déchirure dans sa partie haute au niveau du 2ème étage de barre de flèche.  En fait, une laize est décousue. Les fils de couture ont frotté ou ragué contre la barre de flèche supérieure et ont cédés, résultat de une nuit dans 30 à 40 nœuds de vents et des embardées qui font  faseyer les voiles.
Le vent s’est calmé, le ciel est bas, il bruine et petit à petit la mer s’apaise.
A midi, l’équipage affalent la GV, la plie sur le pont, la met dans son sac et la ‘’Grand-Voile Suédoise’’ est endraillée. C’est une chose de le dire, c’en est une autre de le faire dans un univers si mouvant et instable et si humide.
Quand ce fut fait,  le soleil apparut. Merci ‘’doux Jésus’’.
A 18 h plus de vent et … Moteur.
A 20 h  un léger zéphyr de Nord-Ouest nous propulse vers le N-Est  (nous devons anticiper les vents d’Est contraires en arrivant sur zone nord-Corogne dans 4 jours.
Le ciel est étoilé, la mer peu agitée.  Nous sommes à 420 miles de La Corogne et avons parcourus 772 miles depuis notre départ de Horta et  Fred et reparti, le casque sur ses oreilles ,  pour des heures de cogitations et de dessins sur son projet de bateau (Voilier).





Il y eut aussi les essais de pêche à la traîne.  Fred, sur les conseils et l’exemple de Martins Dixon, à Horta, a une magnifique ligne de 50 m de gros nylon, lest de 400gr, énorme hameçon garnit d’un magnifique poulpe (leurre) en matière synthétique plus vrai que nature …
Tout cela fut mis à l’eau et…  Fit le gros intérêt de nuée de mouettes juvéniles, de Fous de Bassan … C’est tout !!






Il y eut aussi la tentative de récupération et d’hébergement de petits oiseaux égarés sur l’océan et à bout de forces. Ils tournent autour de MàV, puis épuisés finissent pas se poser.  Parfois ils sont le jouet de mouettes qui les pourchassent et les épuisent pour in fine les dévorer (nature cruelle et oiseaux voraces).


Il y eut aussi la couture de la laize de la Grand Voile à l’intérieur du carré et les maux de mains qui vont avec.
Des heures de couture de dacron rêche avec de grosses aiguilles et du gros fil synthétique suif.




Au nord-est de la Corogne, alors que nous commencions à sentit l’avoine de l’étable, Il y eut les ‘’tormentas’’ annoncées par la météo de La Corogne sur canal 26 (VHF) mais que nous pensions être pour les autres… Après des 40 nœuds de vent familiers à l’Est des Açores, nous pensions en avoir vu d’autres …
Et bien ce fut pour nous !  En quelques secondes le vent passe de 15 à 35 nœuds, le bateau part au lof, le skipper qui s’éjecte dans le cockpit, sous la pluie drue et sans ciré pour prendre le contrôle de la barre, l’équipier qui suit en se demandant ce qui se passe…. Réduction de voilure en catastrophe !  Aller l’équipier au boulot ! C’est de ta peau qu’il s’agit (et la mienne aussi)  avant de casser du matériel !
Dix minute après tout est redevenu  ‘’normal’’, 10 nœuds … Tout ?  pas tout à fait. Le skipper est trempé jusqu’aux os, d’une pluie dont de la grêle qui ne doit pas dépasser 5°C !



20 mn plus tard, la seconde nous cueille, mais nous sommes préparés et alors que le skipper se change complétement à l’intérieur pour du sec, l’équipier, à la barre, gère la situation.
Décision est prise de faire un stop à GIJON, province des Asturies, à 25 miles dans le sud-est.
L’équipier, fatigué, met le moteur en marche après le passage du grain, le vent étant tombé aussi soudainement à 5 nœuds et … Tâte la vanne d’admission d’eau de mer pour le refroidissement moteur qui lui semble ouverte.  Pas de vérification d’écoulement d’eau à l’arrière par le pot d’échappement et 10 mn après fumée noire dehors et dedans… La réplique que l’incident précédant l’entrée à Ponta Delgada…
Brave Volvo 2003T. On remet de l’eau dans le circuit de refroidissement, on vérifie qu’il n’y a pas d’eau dans l’huile (joint de culasse) … Et il repart, plein de bonne volonté et de pardon.


Enfin à 18 h nous étions à un des pontons d’accueil de GIJON, ce dimanche 6 novembre sous une pluie fine toujours à 5°C.